Légende
La légende de Jean-Jeune
La famille de Ti-Jean, 8 ans, vivait en harmonie devant un grand champ de patate qui occupait, jadis, la place du lac actuel. La famille ne mangeait que des patates à tous les repas.
Un jour, Ti-Jean se perd dans la forêt en jouant avec les animaux. Il se retrouve devant une maison blanche qu’il n’avait jamais vue avant.
Une vieille dame étrange sort de la maison et lui demande de l’aider à aller chercher de l’eau dans le puits. Pour le remercier de l’aide apportée, elle lui remet un bonbon aux patates. C’était la meilleure chose qu’il avait mangée de sa vie!!!
Ensuite, il rentre chez lui et raconte l’histoire à ses parents. Convaincus qu’il a menti, ses parents le mettent en punition!
Ti-Jean retourna à la maison blanche plusieurs jours durant. Il aide la vieille à faire des corvées et reçoit des bonbons aux patates en échange.
Plusieurs fois, il voulut essayer de ramener un bonbon à ses parents pour leur prouver ses dires, mais il succomba toujours à la tentation de les manger, s’il ne les avait pas perdus sur le chemin du retour.
La vieille dame vint un jour proposer aux parents de Ti-Jean de s’occuper de l’enfant à temps plein. Elle promit de s’occuper de l’éducation de Ti-Jean, de lui offrir une vie prospère et un avenir empreint de bonheur.
Elle sortit un grand parchemin que les parents s’empressèrent de signer, puis tout d’un coup, la vieille dame sortit une poudre de son sac qu’elle saupoudra pour faire disparaître les parents de Ti-Jean.
C’est à ce moment que Ti-Jean réalisa que la vieille dame était une sorcière!
La sorcière faisait faire à Ti-jean des corvées exténuantes durant le jour. Le soir, il avait droit à des leçons tout aussi épuisantes, mais il était tout de même content d’apprendre.
Un jour, la sorcière annonça à Ti-Jean qu’il devrait s’occuper seul de la maison pendant quelques jours.
Une seule règle à suivre : Ti-Jean n’avait pas le droit d’entrer dans la chambre de la sorcière.
Au bout de trois jours, Ti-Jean succomba à la tentation.
Après tout, comment la sorcière pouvait-elle savoir s’il franchissait le seuil de la porte?
Après s’être bien rincé l’œil dans la chambre, Ti-Jean bouscula un bocal qui tomba et se brisa, libérant la grenouille qui y vivait. Celle-ci s’enfuit alors à toutes jambes.
Quelques instants plus tard, la sorcière apparut dans un terrible flash!
« Ti-Jean! Tu as trahi ma confiance! Comme punition ultime, tu devras me creuser un lac en un an. AVEC UNE CUILLÈRE!»
Sur ce, la sorcière disparut.
Ti-Jean devait creuser son lac seul.
Au début, il était très motivé. Plus les jours passèrent, plus sa motivation diminuait. Ce fut presque une surprise que de constater qu’un an déjà s’était écoulé depuis qu’il avait vu la sorcière pour la dernière fois.
Le petit élan de travail de dernières minutes n’avait pas suffi pour qu’il complète son lac.
La sorcière arriva dans un flash de poussière.
«Ti-Jean, où est mon lac?»
Figé, Ti-Jean resta silencieux.
«Ti-Jean, je veux un lac! Tu auras encore un an! Mais cette fois, ce sera plus difficile…»
Elle sortit la fameuse petite poudre et en entoura Ti-Jean. La magie fit son effet et l’enfant se retrouva sans jambes!
Le même scénario se reproduisit l’année suivante. Cette fois, il perdit ses bras. La troisième année, il essaya tant bien que mal de creuser son lac, mais le retard fut dur à rattraper avec seulement une tête! C’est qu’il devait aussi penser à se nourrir, et la terre gèle en novembre!
Ti-Jean était vraiment désespéré. Il ne lui restait qu’une nuit, une seule, avant que la sorcière revienne le voir pour lui enlever un autre membre. Mais il ne lui en restait plus!
La tête de Ti-jean pleurait. Si bien que cela réveilla les créatures de la forêt. Ti-Jean entendit une mélodie de flute qui approchait au loin.
C’était Cachoukeklac, le chef des gnomes. Il lui proposa l’aide des gnomes pour creuser son lac. Ce ne fut pas suffisant, car la tâche était colossale.
Les gnomes utilisèrent leur magie pour aller chercher un enfant chacun au pays des rêves afin qu’ils aident eux aussi Ti-Jean à creuser son lac.
Les travaux avançaient à bon rythme. Soudain, l’un des enfants ne put plus creuser. Puis un autre. Et un autre. C’est qu’un énorme rocher empêchait l’excavation.
Cachoukeklak eut l’excellente idée d’emprunter l’arbre magique le plus proche pour l’aider: le bouleau jaune.
En utilisant le bouleau comme levier, la roche fut propulsée dans les airs, où elle s’est séparée en 2. Dans un fracas terrible, l’une des moitiés atterrit dans la forêt. L’autre roula sur plusieurs mètres en écrasant tout sur son passage.
Pendant que le groupe allait enterrer le bouleau, Ti-Jean admira le travail accompli. Puis il s’effondra en sanglots. Cachoukeklac vint le consoler.
« Qu’y a-t-il Ti-Jean, pourquoi pleures-tu? »
« C’est que… ce que nous creusons… ce n’est pas un lac… c’est un trou!»
Hélas!, il avait raison. Le moral du groupe tomba au plus bas et tout le monde se mit à pleurer, si bien que toutes les larmes remplirent peu à peu le trou d’eau. On pleurait et on pleurait! Ti-Jean réalisa ce qui se produisait. Il versa encore des larmes; des larmes de joie.
Le lac était rempli d’eau salée et on ramena les enfants à leur sommeil.
La sorcière apparut.
« Ti-Jean, où est mon lac?»
« heu… là! »
« ARRRGHHHHHHH!»
La sorcière sursauta de surprise et de colère…et tomba dans le lac!
L’eau des pleurs des enfants n’est pas recommandée pour les sorcières. La sorcière fondit et l’eau se mit à bouillonner. Une étrange créature émergea des bulles un instant et plongea dans les profondeurs du lac. Elle avait l’air gentille. On l’appela Roxy.
Les bras et jambes de Ti-Jean réapparurent lorsque la sorcière tomba à l’eau. Il avait grand espoir de retrouver ses parents. Cela ne se produisit jamais. Plusieurs croient que c’est à cause du contrat qu’ils ont signé.
La première moitié de la roche qui fut catapultée par le bouleau jaune était composée de plusieurs cavités habitables pour les gnomes. Cachoukeklac et ses amis y ont élu domicile, et encore aujourd’hui on y trouve des petits objets, comme des ustensiles ou des lanternes.
La deuxième moitié de la roche n’a rien épargné derrière elle. On l’appelle aujourd’hui le Mont Pout, et la forêt qu’elle a écrasée est désormais connue comme le « Champ de Trèfle».
Ti-Jean quitta la région quelque temps. Il a longtemps cherché un moyen de remercier les enfants qui l’ont aidé, ou les enfants de ces enfants.
Il revint sur les lieux de son enfance quelques années plus tard pour fonder la Base de plein air Jean-Jeune en leur honneur.
Cela fait maintenant 80 ans.
